Kinshasa, le 11 novembre 2022 : L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) dénonce les graves atteintes à la liberté syndicale auxquelles sont exposés les dirigeants du Syndicat Alliance du Personnel Scientifique du Congo (APSCICO) de la part des autorités académiques de l’Université de Lubumbashi (UNILU).
L’ACAJ est informée de ce que les dirigeants de l’APSCICO, en l’occurrence Messieurs Veve BANZA KAYEMBE et Philomène KATENDE MASANKA, respectivement Président et Secrétaire Rapporteur, sont l’objet de menace et de harcèlement à la suite du Mémorandum daté du 27 octobre 2022 adressé à Monsieur le Président de la République pour dénoncer les conditions de travail misérables de leurs syndiqués.
Dans cet élan d’intolérance et obéissant à un ordre digne d’un Etat totalitaire, le Professeur Thierry MULEKA KASONGO, Doyen de la faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives a décidé, par sa lettre N/Réf : FSSPA/D/01/151/022 du 07 novembre 2022, (i) de mettre à la disposition du Comité de gestion de l’UNILU le Chef de Travaux Veve BANZA KAYEMBE aux motifs « qu’il a tenu des propos désobligeants à l’égard de sa hiérarchie et bradé la dignité de la fonction d’enseignant d’université » et, (ii) de lui interdire toute activité académique et de recherche.
Selon l’APSCICO, les menaces dont question sont inspirées par les autorités académiques ci-après :
L’ACAJ est d’autant plus inquiète de relever que la temporalité choisie par les autorités académiques de l’Université de Lubumbashi pour déclencher cette véritable chasse à l’homme coïncide bizarrement avec l’appel patriotique à la mobilisation nationale lancée par le Président de la République en vue de faire face à l’agression dont la RD Congo est victime. Elle note par ailleurs que ces menaces révèlent, à n’en point douter, une tentative des autorités académiques de l’UNILU de démobiliser le personnel scientifique de cette Alma mater autour de l’objectif existentiel de rassemblement et d’unité pour la défense et la préservation de l’intégrité territoriale de notre chère patrie ce, pour des raisons inavouées ;
Cette attitude viole les pertinentes dispositions des articles 38 et 39 de la Constitution et de la Loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant Statut des agents de carrière des services publics de l’Etat en ce que les autorités de l’Université de Lubumbashi s’investissent dans le harcèlement et menaces, sous diverses formes, contre les syndicalistes de l’APSCICO aux motifs que ces derniers se seraient autorisés d’adresser le Mémorandum supra au Président de la République sans au préalable s’en référer à elles et qu’au demeurant ils ne pouvaient pas s’inscrire en faux contre leurs diktats quant à la gestion opaque des rémunérations revenant au personnel scientifique ;
Dans une quête nécessaire de vérité, l’ACAJ a vainement tenté d’approcher le autorités académiques de l’Université de Lubumbashi aux fins d’obtenir d’elles, non seulement l’arrêt de tracasseries administratives et académiques à l’égard des infortunés, mais également de leur proposer une passerelle de discussions syndicales en vue d’une issue paisible et satisfaisante.
« Ces dérives d’une époque révolue où seule la loi du plus fort prévalait sont inacceptables, surtout en ce moment où la réhabilitation du corps enseignant de l’Enseignement supérieur et universitaire est appelée à se réaliser à travers une écoute réciproque susceptible de déboucher sur la conception et la définition d’une stratégie holistique capable d’aider l’Enseignement Supérieur et Universitaire à recouvrer son rôle de lumière de la société », a déclaré Me Georges Kapiamba, Président de l’ACAJ.
« Nous appelons les autorités académiques de l’UNILU à observer l’article 60 de la Constitution qui prescrit que le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales consacrés dans la Constitution s’impose aux pouvoirs publics et à toute personne », a-t-il conclu.
De ce qui précède, l’ACAJ recommande :
Au Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), autorité de tutelle et garant du respect des droits du personnel académique, scientifique et administratif de l’ESU, d’instruire les autorités académiques de l’UNILU aux fins de mettre un terme à leurs dérives qui jettent de l’opprobre sur la gouvernance de ce secteur vital de notre pays ;
A l’Inspection Générale des Finances (IGF), de diligenter une mission de contrôle auprès de l’UNILU aux fins de procéder à des investigations idoines sur des présomptions de mauvaise gestion et de détournement de ressources affectées à la rémunération du personnel académique, scientifique et administratif de cette institution d’enseignement universitaire ;
Aux autorités de l’UNILU, de s’abstenir de tout acte de nature à saborder l’unité nationale nécessaire en cette période sécuritaire cruciale par la démobilisation intentionnelle du personnel scientifique de l’UNILU ;
Aux membres de l’APSCICO, de poursuivre sans relâche la défense de leurs droits fondamentaux ; et Chef de Travaux Veve BANZA KAYEMBE, de contester la décision irrégulière du Doyen de sa faculté par toutes les voies de droit.
Pour toute information supplémentaire, contactez :
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